Avant-hier, mardi 16 novembre, la principale chaine de TV israélienne a ouvert son journal sur la situation dans le Negev et à Beersheva, la grande ville du Negev. Les événements s’y succèdent qui donnent à penser que le Negev, dont Ben Gourion faisait dépendre l’avenir d’Israël, est devenu une sorte de Far West sauvage où aucun des accessoires habituels ne manquent, ni le désert, ni les armes, ni les gangs… Cela fait des semaines que l’écho des actes de délinquance qui s’y déroulent nous parviennent. C’est aussi le cas de la Galilée, c’est à dire des deux régions les plus vastes de l’Etat qui s’avèrent échapper à l’ordre national, dans la défaillance quasi totale de la police et de l’armée. La sécurité des citoyens y est devenue aléatoire, c’est dire la gravité de la situation. On pourrait rajouter la ville de Jérusalem, notamment dans le secteur de la vieille ville, où les mots d’ordre du Hamas font l’actualité. L’affaire de Cheikh Jarrah est une bombe prête à exploser à tout instant. En Galilée comme au Negev les populations arabes et bédouines sont gangrénées par des maffias qui les mettent en coupe réglée. Elles ne cessent de se plaindre de l’insécurité qui y règne. Depuis le début de l’année il y a eu en secteur arabe plus de 110 assassinats. Des armes illégales circulent en masse dans tout le pays. Dans le Negev, c’est parmi la population bédouine que sévit la même violence. Elle n’est pas dans les deux cas seulement mafieuse. La violence est aussi clanique, un héritage de la société tribale encore existante. Elle déchire les familles et les tribus qui sont engagées dans des vendetta sans fin.
C’est bien ce qui s’est passé à Beersheva il y a deux jours: l’affrontement violent et armé de deux clans tribaux qui s’est déroulé devant les urgences du principal hôpital du Negev: échanges de coups et de coups de feu dans un affrontement physique qui a pris l’hopital en otage. Un événement semblable s’est aussi produit dans un autre hôpital. Mais les escarmouches se produisent dans toute la ville, en dehors des attaques à mains armées, des rodéos meurtriers sur les routes, des vols à la tire, du harcèlement des jeunes fille… Les habitants n’osent plus sortir. Ils manifestent ici et là sans conviction du fait du désabusement devant l’absence de l’Etat et de la police. Cet état de faits a pris beaucoup d’ampleur depuis la dernière opération militaire contre Gaza, « Gardien des murailles ». Dans ces milieux, des fractions de population – qui sont citoyennes, rappelons-le – se sont identifiées au Hamas en manifestant dans la rue leur soutien à la centrale terroriste et en provoquant des incidents au moment où l’Etat était engagé dans une opération militaire. Le Hamas s’était institué le défenseur des Arabes d’Israël et surtout de la mosquée d’El Aqsa au point de tirer pour la première fois des missiles sur Jérusalem. Il avait fomenté des troubles de concert avec ses sympathisants arabes israéliens. C’est dire que, dans la prochaine opération militaire, Israël se verra confronté à une nouvelle donne stratégique: un Front intérieur qui s’enflammera en même temps qu’il devra se battre sur le front extérieur. C’est ce que vient de confirmer un ancien officier de renseignements de Tsahal. Une autre révélation nous avertit qu’en temps de guerre, il y aurait des régions d’Israël, notamment le Wadi Ara dans la région de Haïfa, par lesquelles les convois militaires ne devront pas passer pour ne pas essuyer d’attaques. Dans le récent conflit également les conducteurs arabes (israéliens) des poids lourds transportant les tanks ont fait défaut, alors qu’il y a un manque de chauffeurs de ce type-là. Ils peuvent paralyser en temps de guerre le transport des troupes et des tanks vers le front. Les observateurs tablent désormais sur le fait qu’il y a une synergie entre le Hamas et des milieux des Arabes et des Bédouins d’Israël, notamment les jeunes générations faciles à enrôler: autant de leviers de dissidence de régions entières, une menace gravissime pour les populations civiles juives de l’arrière, menacées de pogroms comme ceux qui se sont produits il y a quelques mois et qui peuvent se reproduire à tout instant. Ce n’était pas de simples émeutes. Dans les villes de population mixtes, les Juifs ont été identifiés, visés et agressés électivement, alors que leurs voisins (?) arabes restaient indemnes comme les choses furent très claires à Saint Jean d’Acre.
Les médias comme les politiciens censurent le débat sur ces graves développements et préfèrent regarder ailleurs, la lutte contre la violence interne dans les régions arabes et bédouines, notamment, mais ils détournent le regard du danger intérieur pourtant magnifié par la quantité d’armes illégales en circulation.
Où va Israël?
*Chronique sur Radio J, du jeudi 18 novembre 2021