A peine sortis de la fête du Nouvel an, on découvre un Israël plongé dans une tension sécuritaire consécutive à l’évasion de six terroristes d’une prison du nord du pays. Certes, cet événement n’est pas à l’avantage du système sécuritaire israélien et dénote un laisser aller inquiétant qu’on observe en fait dans tout le pays. Déjà les villes palestiniennes célèbrent cet exploit. Mais le plus grave dans cette affaire, c’est que les fuyards appartiennent au djihad islamique, puissant dans la bande de Gaza, allié au Hamas en Judée Samarie et qui menace d’embraser les territoires.
Cet état de faits nous aide à comprendre la nouvelle situation stratégique dans laquelle Israël se retrouve. C’est le Hamas a Gaza qui en a la clef et le calendrier et pas Israël. Tout nous montre que, de campagne en campagne, Israël a décidé de ne pas vaincre le Hamas et de détruire son pouvoir. Il faut dire aussi que ses supposés amis, l’UE et les Etats Unis l’en empêchent et le contraignent à subir sans réagir vraiment les agressions cycliques. Le conseil de sécurité a même inventé à destination d’Israël seul la doctrine de la « proportionnalité » afin de mesurer l’exercice de son droit à la légitime défense dans une guerre asymétrique. Une drôle de guerre est ainsi menée par intermittence: des cibles de guerre sont détruites, mais les dirigeants et les civils sont épargnés. Israël livre des vivres à ses ennemis, admet que le Katar déverse des millions de dollars au mouvement terroriste tout en subissant les salves des ballons incendiaires et les missiles erratiques, sans oublier la condamnation internationale.
La nouveauté, cependant, depuis le dernier conflit, c’est que le Hamas a étendu son influence à la Cisjordanie, à Jérusalem et aux Arabes israéliens, se présentant à l’encontre de l’OLP comme le seul défenseur des Palestiniens. Il a ainsi lancé des ultimatum à Israël en rapport avec les événements de Jérusalem, la marche des drapeaux autant que le conflit sur la propriété de Cheikh Jarrash. Mais les violences anti-juives commises par des Arabes israéliens, sur le Front intérieur, au plus fort de ces tensions, sont sans doute une nouvelle donne stratégique qui montre une synergie possible de plusieurs scènes. Le Hamas ainsi sanctuarisé peut croire qu’il tire toutes les ficelles des opérations qui enserrent Israël sur plusieurs fronts, externe et interne. C’est ce qui explique l’effervescence des forces de sécurité consécutive à l’évasion.
La stratégie menée jusqu’à présent pourra-t-elle continuer? L’effervescence de l’opinion publique juive suite à la mort d’un soldat tué presqu’à bout portant par les pseudo civils du Hamas sur la barrière de protection de la frontière avec Gaza montre ses limites. Les parents accusent Tsahal d’avoir donné l’ordre de ne pas tirer sur les assaillants ce qui a laissé le défunt sans défense et leur accusation est lourdement relayée par les réseaux sociaux au point de susciter la mise au point du président de l’Etat et du chef d’Etat major. Un sondage récent montrait que 60% des soldats israéliens craignaient plus le procureur militaire que l’ennemi.
Du coup, ce que l’on voit c’est que la « proportionnalité » a pour revers la disproportionnalité pour Israël seulement…
*Chronique sur Radio J le 9 juillet 2021